Afruibana, une plateforme pour défendre le secteur fruitier africain
19 juillet 2017Le secteur agricole africain observe des retards en termes de productivité au regard des moyennes mondiales. Et pourtant son potentiel est énorme. De quelle manière l’utilisation et l’optimisation des données peut-elle inverser cette tendance ?
Le potentiel d’amélioration de la productivité agricole grâce aux données est énorme. La faible productivité agricole en Afrique est due en partie au faible niveau de mécanisation, à l’utilisation inefficace des intrants, par manque d’accès ou de connaissances sur son utilisation optimale, et, dans des pays comme le Ghana, au manque d’irrigation qui met la productivité agricole à la merci des conditions météorologiques.
En Afrique, diverses organisations ont étudié l’utilisation et l’optimisation des données pour résoudre certains de ces problèmes. Au Ghana, par exemple, une jeune entreprise appelée Trotro tractor utilise la technologie et les données pour relier les petits exploitants agricoles aux tracteurs dans les zones rurales et ainsi leur faire économiser le temps et les efforts qu’ils auraient consacré à travailler manuellement.
Depuis 2008, Esoko diffuse par SMS, notes vocales ou par le biais de centres d’appels des informations sur les bonnes pratiques agronomiques (préparation des terres, plantation, utilisation d’intrants, lutte contre les mauvaises herbes, récoltes… ) afin de les aider à améliorer leur productivité et dégager de meilleurs revenus. De plus, Esoko envoie également des informations sur les mises à jour météorologiques pertinentes qui aident les agriculteurs à prendre en compte et optimiser les données météorologiques dans la planification de leurs activités agricoles.
En outre, les données sur les performances des cultures peuvent aider les chercheurs africains dans le secteur agricole à améliorer les variétés de cultures, contribuant ainsi à améliorer les rendements sur tout le continent.
Quels sont les obstacles au développement des structures agricoles auxquels Esoko s’adresse et de quelle manière l’entreprise contribue-t-elle à réduire ces barrières ?
Esoko se positionne comme une solution pour tirer parti de la technologie mobile et combler le déficit d’information dans le secteur agricole africain. Les petits agriculteurs perdaient des revenus en raison du fossé de l’information entre eux et les intermédiaires, qui exigeaient des prix très bas aux fermiers au regard des prix pratiqués sur les marchés locaux. En fournissant aux agriculteurs les prix courants du marché sur leurs marchés environnants, les exploitants sont mieux placés pour négocier des prix plus élevés avec les intermédiaires.
La modification des schémas météorologiques due au changement climatique est un défi majeur pour les agriculteurs ghanéens, qui, en raison du manque de systèmes d’irrigation, dépendent fortement de la pluie. Esoko fournit des informations et des prévisions météorologiques actuelles et opportunes aux petits exploitants afin de les aider à mieux planifier leurs activités agricoles et à réduire les risques liés aux cultures pluviales.
L’un des défis de la productivité agricole est la faible utilisation d’intrants combinée à des pratiques agricoles inefficaces par les petits exploitants. Esoko guide les agriculteurs à travers chaque étape de leur activité, de la préparation des terres à la récolte, en leur fournissant des conseils fondés sur la data ou des recherches par le biais de SMS, de messages vocaux et de centres d’appel spécialisés dans l’agriculture. Dans l’idéal, les agents de vulgarisation publics devraient être la source de ces informations, mais un faible ratio de 3 000 agriculteurs pour un agent de vulgarisation rend cette tâche presque impossible.
Récemment, Esoko a amélioré son offre aux petits exploitants en y intégrant des services financiers tels que l’assurance et les pensions. Traditionnellement, la plupart des petits exploitants au Ghana n’ont pas accès aux services financiers qui permettent d’amortir l’impact des événements imprévus et de la vieillesse. Cet effort est conforme à l’idée largement acceptée selon laquelle l’inclusion financière est nécessaire pour de nombreuses communautés en Afrique qui sont actuellement déconnectées de ces services.
Comment permettre aux plus petits producteurs de s’approprier vos outils ? Quels retours d’expériences obtenez-vous ?
En fonction du niveau de leur revenu, Esoko fournit ses services à un tarif particulièrement subventionné aux petits exploitants. Nous travaillons également en étroite collaboration avec des organisations et des ONG qui assurent le financement de nos services aux producteurs tout au long de projets spécifiques. Ce dernier modèle permet aux agriculteurs d’apprécier la valeur ajoutée des informations et des services fournis et ainsi d’augmenter la probabilité qu’ils autofinancent à l’avenir les services d’Esoko.
Enfin Esoko s’appuie sur un réseau solide d’agents dans l’intégralité des lieux où nous sommes présents. Ce sont ces agents qui forment et accompagnent les agriculteurs à l’utilisation des services et informations que nous diffusons et permettent d’améliorer leurs processus agricoles et plus généralement, moyens de subsistances.
Témoignage d’un bénéficiaire d’Esoko, Mampong Naa :
« Je m’appelle Mampong Naa et je vis à Jirapa Baazu. Après avoir reçu des messages agricoles sur la productivité basés sur les prévisions météorologiques pour la semaine d’Esoko par le biais du projet parrainé par le CCAFS (Climate Change Agriculture and Food Security) je peux dire que je suis en meilleure position que ces deux dernières années. Les rendements de mes deux cultures principales , le maïs et le millet, ont augmenté et maintenant nous aurons assez de nourriture dans mon foyer. Je ne récoltais que quatre sacs de maïs, mais maintenant j’en ai déjà décortiqué six et, comme vous pouvez le voir, nous continuons à le faire. Je n’ai jamais eu une telle récolte auparavant. Je suis tous les conseils d’Esoko et je les appelle même le 1900 pour leur parler en dagaari ».