Crise du lait en Europe, conséquence en Afrique ?
10 mai 2018La Task Force sur l’Afrique rurale plante les jalons de ses axes de travail
30 mai 2018Selon la FAO, « l’’agriculture intelligente face au climat (AIC) est une approche qui permet de définir les mesures nécessaires pour transformer et réorienter les systèmes agricoles dans le but de soutenir efficacement le développement de l’agriculture et d’assurer la sécurité alimentaire face au changement climatique ». En Afrique, le programme phare est le « Climate Smart Agriculture » (CSA), visant à renforcer les capacités des acteurs de l’agriculture à tous les niveaux, en particulier les petits agriculteurs et les institutions face au changement climatique. Avec un objectif ambitieux de 25 millions d’agriculteurs africains pratiquant l’agriculture climato-intelligente d’ici 2025, l’Afrique n’a pas de temps à perdre, d’autant plus que notre continent est particulièrement exposé aux conséquences du changement climatique.
Selon le CIRAD, l’agriculture, la déforestation et les autres utilisations des terres sont responsables d’environ 25 % des émissions de gaz à effet de serre. Or la communauté internationale a mis du temps à intégrer l’agriculture comme un sujet prioritaire lié au changement climatique. Cela a changé depuis les dernières négociations des Nations Unies sur le climat à Bonn, pour la COP23, avec la décision des pays d’intégrer l’agriculture dans l’Accord de Paris. Cette évolution était nécessaire, car l’agriculture contribue de manière importante au changement climatique et peut donc avoir un rôle décisif dans l’atténuation des effets de ce dérèglement.
L’AIC repose sur une approche basée sur trois piliers : 1) augmenter durablement la productivité agricole pour permettre d’améliorer équitablement les revenus, la sécurité alimentaire et le développement ; 2) adapter et renforcer la résilience au changement climatique à tous les niveaux, de la ferme à un pays entier ; et 3) trouver des solutions pour réduire les émissions de gaz à effets de serre du secteur agricole.
En Afrique, plusieurs initiatives ont déjà porté leurs fruits. La Banque mondiale en donne ainsi quelques exemples dans un rapport intitulé « L’agriculture climato-intelligente : succès en Afrique ». C’est le cas par exemple des villages climato-intelligents dans la vallée de Nyando au Kenya. Dans ces villages, les agriculteurs s’adonnent à l’agriculture climato-intelligente, en ayant notamment recours à des espèces et cultivars résistants au climat ainsi qu’aux services d’information climatique. Après avoir reçu une formation en agriculture climato-intelligente, les agriculteurs choisissent les techniques intelligentes qu’ils vont appliquer en associant les femmes et d’autres groupes (agriculteurs issus de collectivités différentes, les chercheurs en disciplines diverses, les organisations non gouvernementales). Autre exemple : en Éthiopie, une cartographie de la santé des sols a été mise en place afin de mieux connaitre l’extrême variabilité de ces sols. Une mauvaise information sur la fertilité du sol peut parfois conduire à l’application erronée d’engrais, ce qui nuira davantage à la santé et à la productivité du sol. Toutes ces initiatives illustrent la prise de conscience en Afrique de la nécessité de transformer l’agriculture, avec des solutions concrètes sur le terrain. C’est un combat de très long terme que notre continent entame, mais indispensable compte tenu des menaces que fait peser le changement climatique sur les générations futures.