E-tumba, une start-up innovante qui réinvente grâce au numérique l’accompagnement agricole des exploitants africains.
24 mars 2020Covid-19 : les producteurs africains de bananes assurent un approvisionnement continu tout en garantissant la santé de leurs employés
14 avril 20203 questions à… Francis G. Kabore, CEO Cargitech et Membre Fondateur de Africa Goes Digital
À partir de quel constat avez-vous développé le projet Cargitech?
Plusieurs facteurs entraînent la baisse des rendements agricoles au Burkina Faso. Il y’a entre autres les pratiques agricoles, la non-maitrise de l’eau et surtout l’appauvrissement des terres dû à l’utilisation des engrais chimiques et des pesticides. Les conséquences sont multiples dont la sécheresse, les changements climatiques et la pauvreté.
De même, la plupart des acteurs du secteur agricole manquent souvent de données précises sur les sols ou les cultures. Leurs techniques et procédés de travail et de fertilisation reposent largement sur l’intuition, leur propre expérience, les informations transmises par les agents techniques des ministères, projets ou programmes.
Au vu de ces difficultés qui entravent la croissance du secteur, plusieurs technologies sont mises en valeur dans le monde pour favoriser une agriculture de précision. Parmi les nouvelles technologies digitales, nous avons notamment le drone qui, intégré en agriculture, permet de gérer les risques liés de la production, d’accroitre les rendements agricoles et d’augmenter les revenus de l’entreprise grâce à des prestations de services innovantes basée sur la cartographie aérienne.
C’est l’expérience des dirigeants de Cargitech dans le domaine des drones et GPS qui a mené à sa création en 2017. L’entreprise ambitionne d’utiliser ces nouvelles technologies pour collecter des données géographiques dans le domaine de la topographie, des travaux publics et des projets de développement.
À travers un partenariat spécifique avec le Centre Technique Coopération Agricole et Rurale (CTA) sur le projet « Transformer l’agriculture africaine : les yeux dans le ciel, des technologies intelligentes au sol », Cargitech a commencé à développer des services basés sur des drones en agriculture.
Aujourd’hui, 80% des structures agricoles d’Afrique subsaharienne sont des exploitations familiales de moins de deux hectares. De quelle manière Cargitech s’adresse à ce segment particulier et quelle est votre proposition de valeur sur des structures de taille aussi réduite ?
Le Burkina Faso est un pays très majoritairement agricole : l’activité agricole occupe 86% de la population totale et constitue la principale source d’emploi et de revenu du pays. Le marché visé par notre entreprise est celui des milliers d’hectare de terres à aménager, des terres exploitables et des terres en exploitation agricole.
Il est vrai que près de 80% des producteurs agricoles ont une superficie de mois de 2 ha, ceci traduit une agriculture familiale ou de subsistance avec des revenus assez faibles. Notre entreprise a adopté une approche à moyenne et grande échelle pour offrir des services de sécurisation foncière et de cartographie des parcelles agricoles. Cette approche permet d’intégrer les petits producteurs dans nos offres de services et est surtout basée sur les projets de développement, les ONGs, les associations et groupements de producteurs.
Nous sommes convaincus que les petits producteurs peuvent accéder aux nouvelles technologies d’analyse des parcelles agricoles à travers des données de base, nécessaires à la gestion et à la maitrise de l’espace. Notre stratégie n’est pas forcement parler d’innovation par la création de services mais surtout de remplacer des techniques de travail existantes par de nouvelles techniques modernes sans modifier les coûts.
Notre entreprise s’inscrit dans le cadre de la valorisation de l’agriculture moderne au Burkina Faso ; des offres de services sont élaborées afin de mieux répondre répondent aux besoins réels des producteurs, paysans et partenaires du secteur agricole. Elle participera activement au développement socio-économique du Burkina Faso, et contribuera à changer la vie des agriculteurs et la vision des investisseurs en agriculture.
Vous avez participé au projet « Les yeux dans le ciel pour des technologies intelligentes au sol » initié par le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale. Quels étaient les objectifs de ce projet et quelle a été la contribution de Cargitech ?
À partir de 2016, le CTA a joué un rôle actif en essayant de sensibiliser les organismes nationaux et internationaux qui définissent les règles et les règlements en vertu desquels les véhicules aériens sans pilote (UAV) peuvent être exploités dans l’espace aérien national aux possibilités offertes par les UAS dans le domaine du développement et de l’aide humanitaire. Il s’agit notamment des autorités nationales de l’aviation civile et de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), qui ont toutes une compréhension limitée des contextes de coopération au développement.
En effet, le 26 janvier 2018, par la décision EX.CL/Dec. 986-1007 (XXXII), le Conseil exécutif de l’Union africaine (UA) a demandé à l’UA et à ses États membres d’exploiter les drones pour l’agriculture en tant que technologie émergente sélectionnée présentant un intérêt pour le développement du continent africain. Le rapport complet « Des Drones à l’Horizon – Transformer L’Agriculture En Afrique » a été lancé par le Panel de haut niveau de l’Union Africaine (UA) sur les Technologies Emergentes (APET) lors du Sommet de l’innovation en Afrique 2018, le 8 juin 2018 à Kigali, au Rwanda.
Conformément à cette recommandation politique de haut niveau à l’échelle du continent, le CTA a confirmé son soutien à une augmentation du nombre d’opérateurs et de pays couverts par l’APET en Afrique.
Dans ce contexte, le CTA a lancé un nouveau projet axé sur l’Afrique subsaharienne, connu sous le nom de « Transformer l’agriculture africaine : Les yeux dans le ciel, les techniciens intelligents sur le terrain ».
Le projet vise à répondre aux besoins suivants :
- disponibilité limitée de données en temps réel, spécifiques à un lieu, à haute résolution et exploitables, pour aider les agriculteurs dans leurs processus de prise de décision.
- manque de preuves (scientifiques) solides des retours sur investissement réels pour les agriculteurs africains qui paient pour des conseils basés sur la samu.
- manque d’informations disponibles sur la technologie de la samu.
- manque d’opportunités d’emplois gratifiants pour les jeunes instruits.
Les principaux objectifs de ce projet sont les suivants :
- établir des prestataires de services UAS africains durables et orientés vers les affaires (éventuellement dirigés par de jeunes entrepreneurs) dans les pays où une législation habilitante est en place. Les entreprises fourniront – entre autres services – des conseils en temps réel aux agriculteurs.
- déterminer et documenter si les petits exploitants agricoles, augmentent le rendement des cultures et le revenu agricole en agissant sur la base de conseils basés sur les diagnostics de la SAU.
- constituer un ensemble de preuves concernant les avantages découlant de l’utilisation de la SVU dans le secteur agricole (y compris la solvabilité des agriculteurs) et partager les informations y afférentes aussi largement que possible.
Suite à l’appel à projet sur l’agriculture en Afrique, initié par le Centre Technique de Coopération Agricole et Rurale (CTA) en Février 2018 ; Cargitech fut sélectionné pour participer au projet « Transformer l’agriculture africaine: les yeux dans le ciel, des technologies intelligentes au sol ». Dans le cadre du projet, Cargitech a reçu, des formations en pilotage des drones, traitement des données pour une agriculture de précision, gestion d’entreprise et une subvention pour l’acquisition d’un drone et du logiciel de traitement des données.
Cargitech a contribué à promouvoir et développer des services de cartographie par drone au Burkina Faso ; nous avons également pu participer aussi à un projet de loi sur l’utilisation des drones au Burkina. Les drones peuvent contribuer à analyser la topographie des champs, l’état des infrastructures agricoles, l’état de santé des plantes, faire le comptage des plants, à suivre la production agricole et à améliorer les rendements. Face aux différentes problématiques de l’agriculture africaine surtout au Burkina Faso, les drones apparaissent aujourd’hui comme un moyen de promouvoir l’agriculture de précision et de lutter contre l’insécurité alimentaire.