Les présidents des associations de producteurs et d’exportateurs de bananes d’Europe et des pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (OEACP) co-signent une déclaration afin d’appeler l’Union européenne et ses États membres à préserver l’équilibre intra-communautaire dans le commerce de la banane.
27 octobre 2023Un accord historique sur les salaires décents a été conclu en Côte d’Ivoire entre les sociétés exportatrices de bananes et les syndicats. L’accord, qui est le fruit d’un programme de trois ans coordonné par Banana Link avec le soutien des distributeurs et de l‘Initiative pour le commerce durable IDH (Sustainable Trade Initiative IDH), a été conclu entre les quatre principales sociétés exportatrices de bananes du pays et une douzaine de syndicats qui, à eux tous, représentent la grande majorité des travailleurs des plantations et des entrepôts de stockage en Côte d’Ivoire.
Un groupe de travail bipartite a été créé lors d’un atelier de deux jours à Abdijan en février, avec le soutien de l’association commerciale africaine Afruibana, de l’Union internationale des travailleurs de l’alimentation et de l’agriculture (UITA) et de Banana Link. Le groupe est chargé de créer un cadre pour la toute première convention collective nationale du secteur de la banane et d’obtenir le soutien des acheteurs européens pour que cette voie aboutisse à des salaires décents pour l’ensemble des 13 500 travailleurs employés.
Les sociétés productrices et leurs deux associations commerciales, OBAM-CI et OCAB, d’une part, et la fédération syndicale nationale des travailleurs de la banane, FETBACI, récemment créée, d’autre part, ont passé deux jours de dialogue social approfondi pour parvenir à un accord sur l’élaboration d’un cadre sectoriel pour les négociations sur les salaires et d’autres aspects du travail décent. Des contributions cruciales ont été apportées par l’institut national de recherche CIRES-CI sur les systèmes de rémunération et les niveaux de salaire actuels, par le bureau de l’OIT pour l’Afrique de l’Ouest sur la « fixation de salaires adéquats » et les lignes directrices récemment adoptées sur le « travail décent pour l’agro-industrie ». La coordination des travailleurs africains de la banane de l’UITA a fourni un contexte important sur l’évolution du syndicalisme dans le secteur au cours de la dernière décennie, et l’institut de recherche français CIRAD a partagé des informations précieuses sur la situation actuelle du marché et un nouvel outil pour évaluer le niveau de vie dans les communautés de travailleurs de la banane, connu sous le nom de la méthodologie « Voisin ».
Le programme de travail a été rendu possible grâce au soutien de l’IDH et de six distributeurs européens qui s’approvisionnent en bananes en Côte d’Ivoire : Tesco, Morrisons, Marks & Spencer, Carrefour, Lidl France et Aldi Nord.
FAITS MARQUANTS DE 2021 À 2023
Après des discussions préliminaires avec les parties prenantes en Côte d’Ivoire concernant une approche nationale conjointe avec les entreprises et les syndicats, les distributeurs ont accepté de soutenir un processus qui préparerait le secteur à la négociation collective en vue d’obtenir des salaires décents pour tous les travailleurs. Ce processus comprenait la collecte et la validation de données salariales, avec l’engagement des distributeurs de contribuer à l’amélioration des salaires, reconnaissant ainsi leur responsabilité partagée.
Une équipe de l’institut de recherche indépendant CIRES-CI a joué le rôle d’interface dans la collecte et la validation des données et a produit un rapport présentant les informations recueillies. Deux réunions de validation avec les huit syndicats présents dans deux entreprises ont également été menées par le CIRES-CI.
Banana Link a organisé deux ateliers de formation sur le salaire décent et la négociation collective, avec le soutien de la coordination des travailleurs africains de la banane de l’UITA, qui ont rassemblé 45 syndicalistes, dont la moitié étaient des femmes. Ces activités de formation ont été cruciales pour garantir que les représentants des travailleurs et leurs organisations comprennent non seulement les différents rôles des parties prenantes tout au long de la chaîne de valeur et les outils utilisés pour évaluer les salaires par les acheteurs et les certificateurs, mais qu’ils soient également habilités à engager un dialogue permanent avec leurs employeurs sur les questions relatives aux systèmes de rémunération et aux salaires réels.
Au cours du programme, d’autres facteurs favorables qui ont aidé les parties à parvenir à un accord sur la voie à suivre sont entrés en jeu :
- Les entreprises du secteur se sont de plus en plus regroupées autour des questions de certification, de salaire décent, de systèmes salariaux, etc, facilitant ainsi la construction d’un effort sectoriel national.
- Après un certain nombre de réunions et de concertations, en février 2023, dix syndicats de quatre entreprises ont créé, une fédération nationale regroupant pour la première fois la majorité des travailleurs du secteur, s’offrant ainsi la possibilité d’être le partenaire social légitime dans un cadre national de négociation avec les entreprises du secteur.
- Les autorités gouvernementales ivoiriennes ont procédé à une révision du salaire minimum national et ont consulté les entreprises agro-industrielles sur la question de la fixation des salaires minimums (SMIG et SMAG).
- Les distributeurs de quatre pays européens se sont engagés publiquement à garantir des salaires décents tout au long de leur chaîne d’approvisionnement en bananes et, plus récemment, ont déclaré que le moyen le plus durable d’y parvenir était la négociation collective.
Le coordinateur international de Banana Link, Alistair Smith, a souligné la réussite du programme :
« Malgré les difficultés liées à la mise en œuvre d’un tel programme pendant la pandémie, les principaux acteurs du pays se sont mis d’accord sur une stratégie nationale solide qu’ils présenteront aux acheteurs et aux certificateurs du commerce de détail dans les mois à venir. Nous espérons que les distributeurs concernés, et ceux qui souhaitent rejoindre le mouvement, reconnaîtront l’importance de la voie tracée pour parvenir à une rémunération décente pour tous et qu’ils soutiendront le processus par des prix équitables et d’autres contributions afin d’en assurer le succès. »
Les distributeurs sont invités à se rendre en Côte d’Ivoire en septembre pour visiter des plantations, discuter des progrès du plan national avec les entreprises et les syndicats, et partager des engagements concrets de leur soutien pour combler les écarts entre les salaires réels et les salaires décents pour les travailleurs les moins bien payés.