Développer un écosystème de l’agritech autour de la banane : le cas de Twiga Foods

Pour débloquer le potentiel agricole africain et celui de son marché alimentaire intérieur, l’innovation technologique sera assurément l’un des principaux leviers à utiliser. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, l’agriculture est un secteur de pointe. L’usage des dernières innovations est indispensable pour gagner en productivité, notamment lorsque des producteurs exportent sur les marchés internationaux.

En Afrique, la transformation digitale a bouleversé de nombreux secteurs, et particulièrement l’agriculture. On parle même de l’essor de « l’agritech africaine », avec de nombreux entrepreneurs offrant des solutions adaptées aux problématiques des agriculteurs africains, créant des start-up complétant la chaîne de valeur locale. Et l’industrie bananière en bénéficie comme de nombreuses autres industries fruitières.

Prenons le cas de Twiga Food, une startup kenyane qui vient de lever en novembre 10 millions de dollars US auprès de la Société Financière Internationale, du groupe Banque mondiale. Récompensé en 2018 par le prix de la « Most Promising Company » à l’Africa CEO Forum, Twiga Food s’est lancé au départ comme intermédiaire entre les producteurs de bananes et les revendeurs. Constatant que le marché kenyan de la banane est hyper fragmenté, avec un approvisionnement erratique dans un environnement informel, le fondateur Grant Brooke y a vu une opportunité pour la création d’une plateforme mobile mettant en relations les différents acteurs économiques de la banane kenyane. 

Aujourd’hui, c’est près de 13 000 agriculteurs et 6 000 vendeurs qui sont reliés par cette plateforme. Twiga a élargi sa clientèle désormais aux producteurs de tomates, d’oignons mais aussi de mangues. Son organisation logistique, avec une flotte de petits véhicules, leur permet de fortement réduire les pertes post-récolte et d’assurer les livraisons en temps et en heure. C’est ici l’un des points essentiels de sa réussite : en Afrique, de nombreux producteurs se retrouvent sans débouchés à cause des contraintes de transports et de stockage. Le développement de ces plateformes mobiles facilitant la connexion entre producteurs et revendeurs, notamment à travers un système de logistique et transport bien organisé, permet de faciliter les flux de produits de consommation et autres biens marchands. 

Le cas de Twiga n’est pas unique. De nombreuses start-up sont créées chaque mois en Afrique pour répondre à des besoins du secteur agricole et agroalimentaire, informel comme formel. L’essor du secteur privé ne doit néanmoins pas faire oublier l’importance des investissements publics, notamment dans les infrastructures de transport. Le développement du transport et des capacités de stockages est essentiel pour relier les villes et les campagnes, notamment pour permettre aux producteurs des zones rurales d’approvisionner les grandes métropoles africaines.