L’agriculture au coeur de l’agenda des institutions africaines
12 février 2018Première semaine d’activités de Joseph Owona Kono à l’AP ACP
26 mars 2018Chaque année, Fruit Logistica est la grande messe internationale des fruits et des légumes, réunissant ainsi producteurs, industriels et associations. L’événement réunissait plus de 3 100 exposants venant de 84 pays différents, présents sur l’ensemble de la chaîne de valeur, sans compter les plus de 75 000 visiteurs. Parmi les exposants, on retrouvait donc les grands noms de l’industrie de la banane (Del Monte, Chiquita, Compagnie Fruitière…), plusieurs stands de pays africains mettant en avant les productions locales de chacun.
Pour Afruibana, ce salon était l’occasion de rencontrer les différents acteurs du secteur de la filière fruit, d’échanger sur la situation du marché de la banane et rencontrer d’autres associations européennes et africaines de producteurs pour échanger sur ses objectifs et ses actions pour la banane africaine. D’autant plus que l’année 2018 sera cruciale pour la banane après une année 2017 marquée déjà par une importante chute des prix malgré la dynamique de la consommation, notamment en Europe.
Lors du salon, nous avons eu l’occasion de croiser notamment Denis Loeillet, expert du marché de la banane auprès du CIRAD. La revue Fruitrop du laboratoire de recherche consacre justement ce mois-ci un important dossier sur la banane au titre évocateur : « La fête est finie ? ». Dans son édito, Denis Loeillet résume ainsi la situation : « La tempête économique annoncée il y a un an dans nos colonnes a donc eu lieu et pourrait se transformer en cyclone courant 2018. L’équation est d’une rare simplicité et ne comporte aucune inconnue : il y a trop de bananes sur le marché international et l’Union européenne est aux premières loges ».
Depuis 2012, le marché européen absorbe un million de bananes en plus, constituant donc aujourd’hui un marché de 6,3 millions de tonnes de bananes. Malgré cette dynamique, provenant essentiellement de l’Est de l’Europe, cela n’est pas suffisant pour absorber le surplus d’offre sur le marché de la banane. Beaucoup voient alors la contractualisation comme le meilleur moyen de limiter les dommages, sa généralisation démontrant que la plupart des acteurs voient la saturation du marché comme un phénomène s’inscrivant dans la durée.
Comme beaucoup de marchés de matières premières agricoles, la banane n’est pas à l’abri d’une catastrophe naturelle (aussi bien climatique que sanitaire) qui pourrait alors rééquilibrer l’offre et la demande. Néanmoins, malgré une réelle dynamique de la consommation, la hausse de la production reste pour le moment bien supérieure et un retournement du marché est difficilement envisageable à court ou moyen terme. C’est pourquoi l’Union européenne est attendue sur ce dossier en tant que régulateur, afin d’éviter que les producteurs africains et européens ne se retrouvent dans une situation de guerre des prix insoutenable face aux producteurs d’Amérique latine.