Afruibana aux Journées Européennes Du Développement – 2018
6 juin 2018L’agriculture, une opportunité pour la jeunesse africaine
15 juillet 2018Contrairement à certaines idées reçues, les femmes africaines font partie intégrante du secteur agricole africain. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les femmes représentent jusqu’à 52% des travailleurs du secteur et sont responsables d’environ 50% du travail dans les fermes de l’Afrique subsaharienne. Selon les estimations, elles produiraient même entre 60 et 80% de l’alimentation du continent.
Mais paradoxalement, le potentiel des femmes dans le secteur agricole reste sous-exploité. Comparé à leurs homologues masculins, les femmes ont un accès limité aux ressources productives, limitant ainsi leur contribution au développement socio-économique. Dans leur ouvrage intitulé « Transformer les relations de genres dans le secteur agricole en Afrique subsaharienne : des approches prometteuses », Marion S. Davis, Cathy Farnworth et Melinda Sundell affirment que la productivité des femmes est inférieure à celle des hommes parce qu’elles ont un accès limité à des ressources telles que la terre, le crédit et d’autres facteurs de production. Par exemple, la propriété foncière au Mali revient souvent aux hommes dans plus de 85% des cas. Et au-delà d’être un moyen de production, la terre est aussi une garantie pour accéder au crédit.
Alors que l’Afrique fait face au défi de sa transformation agricole, les Etats africains ne peuvent plus continuer à négliger le rôle des femmes dans l’agriculture. Les gouvernements doivent adopter une approche de leur stratégie agricole fondée sur l’égalité des genres, l’inclusion, la durabilité et la bonne gouvernance. Pour Tacko Ndiaye, spécialiste des questions du genre, de l’égalité et du développement rural à la FAO, des pays comme le Rwanda et l’Ethiopie sont des exemples à suivre avec un « droit équitable » avec « un système d’enregistrement conjoint par lequel la terre est enregistrée au nom de la femme et du mari ». Il lui parait ainsi indispensable d’investir dans l’autonomisation des femmes dans l’agriculture si l’on veut réellement lutter contre la pauvreté en milieu rural.
Selon des calculs des Nations unies, si les femmes avaient le même accès aux ressources agricoles que les hommes sur le continent africain, les rendements des exploitations pourraient augmenter de 20 à 30%. Alors que l’agriculteur africain est finalement très souvent une agricultrice, il est temps que nous donnions les moyens nécessaires aux femmes de pouvoir pleinement participer à la transformation agricole de notre continent.