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De quelle manière la situation est-elle gérée au Ghana ?
La pandémie s’est manifestée avec le premier cas vers le milieu de mars et, à ce moment-là, la réaction du gouvernement a été de fermer les écoles et d’interdire tous les rassemblements sociaux, y compris religieux. Au bout d’une semaine, les cas ont augmenté, surtout à Accra et dans la deuxième ville du Ghana, Kumasi. Face à cette situation, les autorités ont décidé d’isoler ces deux villes du reste du pays pendant deux semaines. En parallèle, le ministère de la santé a adopté une politique agressive de tests pour déterminer le niveau de propagation et définir s’il s’agissait d’une propagation communautaire ou s’il s’agissait de cas isolés de personnes arrivées de l’extérieur du Ghana et il s’est avéré que la majorité des cas provenaient en effet de l’extérieur, si bien que, le 16 mars, les autorités ont interdit l’entrée aux voyageurs provenant de pays ayant plus de 200 cas confirmés par COVID-19. Aujourd’hui, plus de huit mille cas confirmés ont été enregistrés dans le pays et les diverses mesures mises en place pour limiter la propagation de l’épidémie sont toujours d’actualité avec notamment plus de 220 000 tests effectués à ce jour et la campagne de test est toujours en cours. Très peu de cas ont une gravité inférieure à 20, ce qui signifie que la plupart n’ont pas besoin d’être hospitalisés et que le système de santé n’est donc pas encore débordé. Il n’y a pas eu de date annoncée de réouverture de nos frontières. En tant que pays, nous avons mis en place une dizaine de centres de dépistage et le pays utilise des drones pour atteindre des endroits isolés du pays afin de prélever des échantillons à tester. Certains bâtiments et hôpitaux ont été mobilisés pour le traitement et l’isolement des cas potentiels qui pourraient survenir et davantage d’investissements ont été mis en place pour réhabiliter les hôpitaux dans tous les districts et centres régionaux où cela est nécessaire. Le gouvernement a également engagé le secteur privé dans la fabrication, la production de désinfectants pour les mains, de masques faciaux, de filets capillaires, de blouses médicales et de masques N95 pour les travailleurs de la santé de première ligne. Le Ghana a également investi dans une campagne d’éducation très importante à la radio et à la télévision pour sensibiliser la population afin de minimiser la propagation du virus. Je dirais que la stratégie a consisté à effectuer des tests avant que de nombreuses personnes ne présentent des symptômes, afin d’être capable de pouvoir mieux gérer la situation et de réduire le risque de propagation au sein des communautés.
Qu’avez-vous mis en place sur les différents sites de production face à l’épidémie ?
Heureusement pour nous, le Ghana a été assez proactif en mettant en place des mesures qui ont permis que la plupart des zones dans lesquelles les producteurs de bananes sont implantés n’ont toujours pas enregistré de cas. Nous avons donc mis en place des mesures préventives afin de garantir que les employés ne soient pas inutilement exposés à des risques évitables. Nous avons donc mis du savon à disposition, augmenté le nombre de points dédiés au lavage des mains et augmenté la capacité de stockage d’eau de certaines exploitations en cas d’arrêt de l’approvisionnement. Nous avons également fourni des masques à tous les employés des fermes. Par ailleurs, la question du transport s’est rapidement posée car dans les bus qui amènent les employés sur les différents sites de production, les personnes sont proches les uns des autres. Nous avons prévu plusieurs bus supplémentaires ou, lorsque c’est possible, le bus fait deux voyages au lieu du trajet initial, de sorte qu’à l’intérieur du bus, nous puissions avoir une distance sociale adéquate. Chaque employé doit utiliser du désinfectant pour les mains avant d’entrer dans le bus et la température est prise avant de pénétrer dans chacun des locaux de l’entreprise afin que nous puissions isoler rapidement les personnes présentant des symptômes et les orienter vers les autorités compétentes.
Pour conclure, nous avons ajouté une formation supplémentaire à notre personnel médical afin que, si un travailleur présente un quelconque symptôme, ils soient en mesure de gérer efficacement la situation et de l’orienter vers les bureaux appropriés. Telles sont les mesures que nous avons mises en place auprès des producteurs de bananes dans les différents sites de production. Jusqu’à présent, nous n’avons aucun cas d’infection par des coronavirus dans notre plantation et nous espérons que cela continuera ainsi.
De quelle manière la pandémie affecte-t-elle le volume de bananes vendues ?
Nous avons en effet constaté certaines différences pour notre entreprise mais, bien sûr, il doit en être de même pour nos concurrents. Il y a eu une baisse de la demande qui, bien sûr, a eu un impact sur les ventes. Les volumes qui n’étaient pas sous contrat avant la pandémie sont très difficiles à vendre maintenant. La situation s’améliore progressivement mais n’a pas encore retrouvé les niveaux d’avant la pandémie.
Malheureusement, la tendance des ventes de bananes est également à la baisse en été. Cependant, le volume des ventes contractuelles, essentiellement issues du commerce équitable, se vend toujours, mais pour celles qui dépendent du marché au comptant, la situation est assez difficile. La plupart des gens ne veulent pas prendre une banane qui aurait pu être touchée par beaucoup d’autres mains. Mais si elles sont dans un sac en plastique, les consommateurs peuvent le désinfecter une fois arrivés chez eux. Nous pouvons, dans une certaine mesure, nous engager dans cette direction pour pouvoir vendre notre production.