Les agro-startups : une autre facette de la révolution entrepreneuriale africaine
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29 mai 2019Dans un récent article publié sur « The Conversation », deux chercheurs du Cirad s’intéressent au potentiel des plantes pesticides face aux nombreux agresseurs naturels des cultures des agriculteurs africains : insectes ravageurs, champignons, acariens, bactéries, virus… Ces menaces affectent régulièrement les productions agricoles du continent. Par exemple, l’Afrique de l’Ouest a connu entre 2003 et 2005 une véritable invasion de criquets pèlerins, qui a engendré des pertes de récoltes estimées à près de 2,5 milliards de dollars. Et chaque année, les pertes économiques s’élèvent à des millions de dollars pour les agriculteurs africains à cause de ces ravageurs.
Très logiquement, les pays africains utilisent de nombreux pesticides pour lutter contre ces menaces, malgré un coût économique non-négligeable et parfois même un impact négatif sur la santé des êtres humains mais également sur la faune et la flore. Si les grands groupes de l’agro-industrie peuvent s’assurer un approvisionnement en pesticides de bonne qualité et assurer une formation de leur usage à leurs employés, ce n’est pas le cas des petits exploitants, qui constituent encore la grande majorité des producteurs du continent africain.
Le recours à des produits de synthèse pour protéger les cultures est aujourd’hui indispensable dans bien des cas, même s’il faut commencer à réfléchir à d’autres alternatives. Les deux chercheurs du Cirad veulent attirer notre attention sur l’utilisation de plantes aux propriétés pesticides, considérant cette approche comme la plus respectueuse de l’environnement. Utilisées depuis longtemps sur le continent africain, les chercheurs nous expliquent que ces « plantes à effet phytosanitaire sont employées de diverses façons : production d’extraits appliqués sur les feuilles des cultures à protéger, utilisation sous forme de plantes entières ou d’huiles essentielles pour protéger les denrées stockées, culture en association dans les champs… ». Si elles ne permettent pas d’éliminer la totalité des ravageurs, elles les empêchent d’atteindre un niveau de nuisibilité pouvant porter atteinte aux cultures.
Néanmoins, quatre obstacles au développement de cette approche sont soulevés par les auteurs de l’article : leur acceptation par les agriculteurs qui peuvent y voir de nouvelles contraintes ; le manque d’évaluation de leur impact sur les auxiliaires de culture ; un coût problématique tant que ces plantes se trouvent en petite quantité ; un cadre réglementaire actuel qui ne permet pas d’évaluer et classifier ces différentes plantes.
Afin de promouvoir l’usage de ces plantes et recenser l’information disponible sur les plantes pesticides utilisés en Afrique, le Cirad a mis en place le projet Knomana (Knowledge management of pesticide plants in Africa). Une initiative qui va permettre de diffuser ses connaissances sur les plantes pesticides, et favoriser leur recours notamment dans les petites exploitations.