Afruibana vous souhaite une excellente année 2020
1 janvier 2020Face au Covid-19, les producteurs africains de bananes s’engagent pour un approvisionnement continu tout en garantissant la santé de leurs employés
21 mars 2020Aujourd’hui, l’agriculture occupe une place importante dans la plupart des économies africaines : le secteur compte en moyenne pour 32 % du PIB des états de la zone et embauche entre 50 et 70% des actifs. Il est aujourd’hui le secteur le plus dynamique au monde et la demande alimentaire croissante devrait confirmer cette position. Si le continent africain continue d’importer chaque année pour des dizaines de milliards de denrées alimentaires, L’Afrique, avec 60% des terres arables mondiales pourrait atteindre l’autosuffisance alimentaire et devenir même une puissance agricole mondiale.
Néanmoins, malgré une croissance démographique exponentielle sur le continent, l’âge moyen des agriculteurs avoisine 60 ans, alors que la population a en moyenne 19 ans en Afrique subsaharienne. Ce vieillissement de la main d’œuvre agricole est un obstacle du développement du secteur, d’autant plus qu’il requiert de plus en plus d’intégrer les nouvelles technologies afin d’être suffisamment productif au niveau mondial.
Une profession à l’image vieillissante
Ces chiffres résultent d’un désintérêt croissant des jeunes générations pour ces métiers, souvent perçus comme anciens, peu lucratifs et aux perspectives limitées. En quête de nouvelles perspectives, les jeunes travailleurs se tournent vers les métropoles africaines, envisagent même de migrer vers l’Europe, à défaut de s’investir dans les zones rurales dont le potentiel est immense.
Le secteur, composé à 80% de structures de taille dite « familiale » a longtemps souffert d’un retard de productivité qui a contribué directement à la construction une vision commune négative. Néanmoins, les pratiques évoluent. Avec l’introduction progressive d’outils et techniques de plus en plus modernes, l’émergence de regroupements de producteurs et les facilitations d’accès aux marchés, le secteur présente aujourd’hui une nouvelle dynamique. Les métiers et perspectives se transforment, mobilisant ainsi de nouvelles compétences et connaissances.
“To make the agriculture cool for the youth”
Mais comment impliquer d’avantage les nouvelles générations dans cet élan quand aujourd’hui, seulement 2% des étudiants se spécialisent dans cette filière ? « Actuellement, quand un enfant du village sort de l’école avec son bac technique en poche, et que sa région, son département et son village ne lui offrent aucune perspective d’avenir, il va à la capitale ou émigre, alors que nous avons besoin de ces jeunes pour produire et reprendre les exploitations familiales » met en avant Mamadou Cissokho, président du Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l’Afrique de l’Ouest.
Pour le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akiwuni Adesina, l’objectif est clair : « Nous devons changer la main d’œuvre du secteur agricole. Notre objectif est de rendre l’agriculture cool et sexy ». Les pouvoirs publics et le secteur privé doivent s’emparer du sujet et proposer des facilités d’accès à la formation, au crédit et des garanties foncières pour espérer dynamiser le secteur.
Le Cameroun s’érige en fer de lance sur ces sujets et a développé depuis 2008 le programme Afop (Appui à la rénovation et au développement de la formation professionnelle dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ) articulé autour de trois axes : la rénovation d’une centaine de centres de formation agricole, un service d’accompagnement des jeunes tout au long du déploiement de leur projet et une enveloppe financière pour bonifier les prêts bancaires nécessaires à la mise en route de leur activité́.
En prime, le continent africain est de plus en plus connecté : on estime que 70% de la population africaine, portée par les nouvelles générations, disposera d’un smartphone en 2025. Créer des convergences entre ces nouvelles technologies et les métiers agricoles permettrait d’une part, à travers l’apport de services de vulgarisation efficaces d’accompagner les agriculteurs dans leur prise de décision au quotidien, et de l’autre de moderniser l’image de la profession.
C’est en misant sur le potentiel de cette nouvelle génération africaine connectée et en quête de nouvelles opportunités que la transformation du secteur agricole africain s’accélèrera. Aujourd’hui, les pays de la région comptent en moyenne deux institutions de formation spécialisées dans les filières agricoles. Réorienter les subventions publiques vers la formation et convaincre les jeunes générations du potentiel que représente le secteur alimentaire permettra de développer un socle régional de compétences à même de relever les défis de la demande alimentaire et de créer un secteur agroalimentaire africain au rayonnement mondial.