Quel avenir pour les relations Afrique-Europe ?
17 juillet 2019Afruibana vous souhaite une excellente année 2020
1 janvier 2020Alors que la saison de passation des contrats annuels bat son plein et que le secteur de la banane africaine fait face à des défis toujours plus nombreux, la grande distribution continue à poursuivre une politique d’achat toujours plus dure, centrée sur une mise en concurrence aveugle et la recherche exclusive du prix le plus bas.
En effet, les défis pour le secteur fruitier africain ne manquent pas : baisses tarifaires accordées aux bananes latino-américaines, Brexit, lutte contre le changement climatique, investissement dans la Recherche et le Développement, maintien des programmes d’éducation, de santé et de logement ou transition agro-écologique. Autant de défis que le secteur ne pourra relever qu’à condition que ses fruits soient achetés à un prix juste.
Pour rappel, il y a tout juste un an, Afruibana se joignait à un premier appel initié par nos confrères et concurrents, les géants latino-américains, dénonçant les pratiques de la grande distribution. Comment ne pas comprendre que si de telles pratiques sont insoutenables pour eux, elles le sont encore bien plus pour nous qui sommes, en volume, vingt fois plus petits ?
Malgré tout, un an plus tard, les mêmes causes produisant les mêmes effets, Afruibana doit réitérer ce même appel et enjoindre ces mêmes acteurs de reconsidérer les mêmes politiques d’achat. Faut-il rappeler ici que le prix d’un kilo de pommes produites en Europe est, en moyenne, trois fois supérieur à celui de bananes demandant une plus grande attention au champs devant être cultivées et acheminées depuis des climats tropicaux ?
Si notre association salue la promesse faite par la chaîne de supermarchés Aldi d’augmenter le prix d’achat du carton de bananes à partir de 2020, les conditions d’achat des bananes africaines et d’autres origines par les enseignes de la grande distribution n’ont cessé de se dégrader au fil des années. Cette initiative, bien que salutaire, ne saurait être suffisante face à l’importance des enjeux d’avenir de la filière et devrait être imitée et prolongée par leurs homologues du secteur de la grande distribution européenne.
En effet, l’Organisation Maritime Internationale (IMO) a décidé qu’à partir du 1er janvier 2020, les bateaux devraient utiliser des carburants dont la teneur en oxyde de soufre ne dépasse pas 0,5% (contre un taux maximal actuel de 3,5%). Cette nouvelle réglementation est légitime et nécessaire et va résolument dans le bon sens, en diminuant les émissions de gaz à effet de serre. Mais elle n’en engendrera pas moins une hausse du coût du transport maritime de plus 70%.
De même, la responsabilité de mener la transition vers une agriculture plus écologique, plus respectueuse de l’environnement, ainsi que la lutte contre la cercosporiose noire et la prévention contre la maladie dite « TR4 » sont des défis majeurs à la hauteur desquels la filière banane africaine doit s’élever. Il faut bien considérer que, bien que la TR4 n’ait été détecté dans nos pays, ces deux fléaux continuent de menacer gravement l’ensemble de la variété Cavendish, ne possèdent toujours pas de traitement et nécessitent des investissements se chiffrant aussi en dizaines de millions d’euros et devant s’étaler sur des périodes dépassant la décennie.
Ces vastes chantiers ont un coût qui est incompatible avec les conditions économiques induites par les pratiques de la grande distribution et, rappelons-le aussi, plus d’une décennie de politique commerciale européenne libérale et de démantèlement tarifaire. La grande distribution doit être à l’unisson des attentes des consommateurs européens qui sont prêts à payer le prix juste pour des fruits de qualité, produits de manière responsable et durable. Autant de chantiers qui nécessitent aussi l’appui politique de l’Union Européenne et son soutien technique et financier.
Face à ces enjeux, nous appelons la grande distribution et les autorités européennes à s’engager résolument et faire leur part pour assurer la pérennité de notre filière. C’est seulement à cette condition que l’Europe et l’Afrique pourront ensemble, demain, récolter les fruits d’une prospérité commune.
M. Joseph Owona Kono, président d’Afruibana
M. Jean-Marie Kakou-Gervais, vice-président d’Afruibana
M. Anthony Blay, vice-président d’Afruibana